Que ton règne vienne


Les textes de cette Parole ont été rédigés
par Denis Jacob


A : ENTRER

A1. Introduction

B : DÉCOUVRIR

B1. La parole du Notre Père
B2. L’enluminure
B3. Le texte de l’évangile de référence
B4. Approfondissement biblique
B5. Tradition de l’Église

C : ÉLARGIR

C1. Littérature
C2. Autres images
C3. Musique et chants
C4. Méditations, prières

D : METTRE EN ŒUVRE

D1. Animation culturelle
D2. Animation pastorale

TRADITION DE L'ÉGLISE

• Gaudium et spes (45§1)

« Qu'elle aide le monde ou qu'elle reçoive de lui, l'Eglise tend vers un but unique: que vienne le règne de Dieu et que s'établisse le salut du genre humain. D'ailleurs, tout le bien que le Peuple de Dieu, au temps de son pèlerinage terrestre, peut procurer à la famille humaine, découle de cette réalité que l'Eglise est " le sacrement universel du salut "(24), manifestant et actualisant tout à la fois le mystère de l'amour de Dieu pour l'homme. »

• Proposer la foi dans la société actuelle

« Comme catholiques, nous n'avons pas le monopole de la foi en Dieu, et nous le savons. Nous savons aussi que d'autres que nous pratiquent le service d'autrui, et œuvrent effectivement pour la paix et la justice entre les hommes.

Nous n'ignorons pas non plus que l'indifférence religieuse coexiste aujourd'hui assez largement avec des expressions multiples du désir religieux.

Ce contexte général nous invite à redécouvrir notre spécificité. Aussi bien du point de vue de la doctrine que du point de vue de l'éthique, le caractère propre de la foi chrétienne est de refuser toute séparation entre la cause de Dieu et celle des hommes.

Prétendre cela n'est pas innover. C'est seulement aller au coeur même de la foi chrétienne, qui est tout entière centrée sur Jésus Christ, qu'elle professe comme vrai Dieu et vrai homme.

De sorte qu'en étant disciples de Jésus Christ, nous n'avons pas à fuir le monde, puisque Dieu lui-même est venu en ce monde. Et, corrélativement, nous ne nous éloignons pas de Dieu en nous engageant dans le monde pour y servir les hommes, puisque la volonté du Père qui est aux cieux est que son Royaume germe au sein de notre humanité.

C'est du dedans de l'expérience et de la condition humaines que nous apprenons à adhérer au Dieu de Jésus Christ et à nous fier à ce salut, à cette vie nouvelle qui nous est révélée et communiquée par Lui.

A cause de cette Révélation de Dieu en l'homme Jésus, nous avons aussi à apprendre qu'entre Dieu et l'homme, il ne s'agit jamais d'un rapport de forces, mais d'un rapport de libertés, et, en dernière instance, d'une relation de confiance et d'amour. »

• Catéchisme de l’Église Catholique (2816-2821)

Dans le Nouveau Testament, le même mot Basileia peut se traduire par royauté (nom abstrait), royaume (nom concret) ou règne (nom d’action). Le Royaume de Dieu est avant nous. Il s’est approché dans le Verbe incarné, il est annoncé à travers tout l’Évangile, il est venu dans la mort et la Résurrection du Christ. Le Royaume de Dieu vient dès la sainte Cène et dans l’Eucharistie, il est au milieu de nous. Le Royaume viendra dans la gloire lorsque le Christ le remettra à son Père :

Il se peut même que le Règne de Dieu signifie le Christ en personne, lui que nous appelons de nos voeux tous les jours, et dont nous voulons hâter l’avènement par notre attente. Comme il est notre Résurrection, car en lui nous ressuscitons, et peut être aussi le Règne de Dieu, car en lui nous régnerons (S. Cyprien, Dom.orat.13 : PL 4, 527C-528A).

Cette demande, c’est le "Marana Tha", le cri de l’Esprit et de l’Epouse : "Viens, Seigneur Jésus" :

Quand bien même cette prière ne nous aurait pas fait un devoir de demander l’avènement de ce Règne, nous aurions de nous-mêmes poussé ce cri, en nous hâtant d’aller étreindre nos espérances. Les âmes des martyrs, sous l’autel, invoquent le Seigneur à grands cris : ‘Jusques à quand, Seigneur, tarderas-tu à demander compte de notre sang aux habitants de la terre ?’ (Ap 6, 10). Ils doivent en effet obtenir justice, à la fin des temps. Seigneur, hâte donc la venue de ton règne ! " (Tertullien, or. 5).

Dans la prière du Seigneur, il s’agit principalement de la venue finale du Règne de Dieu par le retour du Christ (cf. Tt 2, 13). Mais ce désir ne distrait pas l’Église de sa mission dans ce monde-ci, il l’y engage plutôt. Car depuis la Pentecôte, la venue du Règne est l’œuvre de l’Esprit du Seigneur "qui poursuit son œuvre dans le monde et achève toute sanctification" (MR, prière eucharistique IV).

"Le Règne de Dieu est justice, paix et joie dans l’Esprit Saint" (Rm 14, 17). Les derniers temps où nous sommes sont ceux de l’effusion de l’Esprit Saint. Dès lors est engagé un combat décisif entre "la chair" et l’Esprit (cf. Ga 5, 16-25) :

Seul un cœur pur peut dire avec assurance : ‘Que ton Règne vienne’. Il faut avoir été à l’école de Paul pour dire : ‘Que le péché ne règne donc plus dans notre corps mortel’ (Rm 6, 12). Celui qui se garde pur dans ses actions, ses pensées et ses paroles, peut dire à Dieu : ‘Que ton Règne vienne !’ (S. Cyrille de Jérusalem, catech.myst. 5,13 : PG 33, 1120A).

Dans un discernement selon l’Esprit, les chrétiens doivent distinguer entre la croissance du Règne de Dieu et le progrès de la culture et de la société où ils sont engagés. Cette distinction n’est pas une séparation. La vocation de l’homme à la vie éternelle ne supprime pas mais renforce son devoir de mettre en pratique les énergies et les moyens reçus du Créateur pour servir en ce monde la justice et la paix (cf. GS 22 ; 32 ; 39 ; 45 ; EN 31).

Cette demande est portée et exaucée dans la prière de Jésus (cf. Jn 17, 17-20), présente et efficace dans l’Eucharistie ; elle porte son fruit dans la vie nouvelle selon les Béatitudes (cf. Mt 5, 13-16 ; 6, 24 ; 7, 12-13).


© PCI 2004 by Geneviève GAILLOT, Denis JACOB, Louis RIDEZ, Pierre ROBITAILLE