Dans la tradition chrétienne, le mot « tentation » n'a pas de valeur morale. La tentation est plutôt considérée comme une épreuve, compagnon de route de toute initiation. D'ailleurs, n'est ce pas l'Esprit qui pousse le Christ au désert ? Preuve s'il en est que la tentation fait partie intégrante du chemin de croissance. Par quoi sommes-nous tentés ? Rien d'extérieur à l'homme qui ne vienne satisfaire ses besoins primaires, vitaux. La tentation a à voir avec la survie et la protection. Fuir une difficulté – qui n'est pas tenté par cette attitude ? Résister à la tentation de vouloir se protéger en agressant quand un événement est ressenti comme dangereux pour soi.

Le récit de la tentation du Christ au désert précède de peu l'épisode de la tempête apaisée. Les tentations vécues par le Christ sont celles de tous les hommes (faim – sécurité – pouvoir).

La tentation vient sans cesse questionner notre responsabilité et notre liberté. Jusqu'où le croyant est-il capable de se laisser guider par l'Esprit sans succomber à la tentation de se protéger, de se décourager, de se sauvegarder ? Or nous dit la première épîtreaux Corinthiens (10, 13) « Dieu est fidèle ; il ne permettra pas que vous soyez tentés au-delà de vos forces. Avec la tentation, il vous donnera le moyen d'en sortir et la force de la supporter ».

On peut relire avec intérêt les textes de Genèse (Gn 1, 1 à 2, 24), car manifestement les évangélistes ont voulu indiquer combien face à la tentation « Jésus est le nouvel Adam, resté fidèle là où le premier a succombé à la tentation » (CECCatéchisme de l'Église Catholique – 539).

La tentation, s'il est possible de la personnifier, cherche par trois fois à mettre en cause l'attitude filiale de Jésus envers son Père, totalement obéissant au dessein de Dieu.

L'Église s'unit chaque année par les quarante jours du Grand carême au mystère de Jésus au désert (CEC – 540).