Matthieu consacre les chapitres 8 et 9 à des récits de guérisons. Ils s'ordonnent à la prédication du Royaume des cieux, entre le discours évangélique et le discours apostolique.

Pour l'apôtre, le récit de la tempête apaisée vient comme affirmer que ce qui est de l'ordre de la guérison n'est pas exclusivement réservé aux aveugles, aux boiteux et aux possédés, mais à tous y compris aux disciples. Le besoin d'être sauvé se dit à travers la phrase du lépreux (Mt 8, 2) : « Seigneur, si tu le veux, tu peux me purifier ».

Ceux qui marchent à la suite de Jésus verront sa victoire sur les forces de mort ; de la tempête apaisée aux démons chassés des païens de Gadara.

Jésus le Christ, apporte la réconciliation que manifestent les œuvres de Rédemption. Le pardon se traduit par une vie renouvelée. Le Royaume est là.

Ce passage de l'évangile de Matthieu ne figure pas dans les péricopes liturgiques. Il fallait choisir certainement. Pourtant, l'actualité de cet événement pourrait éclairer nombre de croyants qui traversent des épreuves chaotiques, des tempêtes dangereuses sans avoir l'assurance que Dieu lui-même, qui commande aux éléments, se trouve à leur côté dans la « même barque ».

Finalement, l'attitude de Jésus et sa manière bien à lui de se dresser devant les éléments mortifères amènent les disciples à se poser une nouvelle fois la question : « Quel est-il celui-ci, pour que même les vents et la mer lui obéissent ? ». Ce questionnement est présent dans les synoptiquesLes trois évangiles de Matthieu, de Marc et de Luc.

Le texte, dans les synoptiques, décrit une scène presque dramatique : « La barque allait être recouverte par les vagues » nous dit Matthieu ; « Les vagues se jetaient sur la barque au point que déjà la barque se remplissait » écrit Marc ; « La barque se remplissait et ils se trouvaient en danger » nous dit Luc.

Sur l'enluminure, ni les vagues ne menacent la barque posée à l'horizontal sur le fond marin, terre ferme, et de ce fait ne semble pas ballottée au grés des flots ; ni la barque n'est remplie d'eau, de cet élément primordial duquel ne se distingue ni la vie, ni la mort car elle est capable des deux à la fois.

Jésus lui-même ne paraît pas menacer les vents et la mer, mais semble simplement adresser une parole d'autorité aux figurations des monstres.