" Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés" (Jn 15,12)... "Aimez vos ennemis "(Mt 5,44) "Pardonnez-vous mutuellement " (Col 3,13)... Ces appels ne sont pas uniquement un code de bonne conduite. Ils indiquent le contenu même de la révélation chrétienne, la parole même du Christ qui devient celle de ses disciples, des premières communautés et de l'Eglise.

Dans la prière du Notre Père, les paroles de Jésus annoncent bien le défi que les disciples auront à relever, dans la tracée de la tradition biblique. Le Dieu qui se révèle est en effet, dans le lien constant à son Peuple, un modèle et un exemple de fidélité et de miséricorde face à ses multiples dérives et trahisons.

Nous pourrions tout aussi bien dire : « Comme tu nous pardonnes apprend-nous à pardonner »... Le pardon que le Christ accorde à ceux qui son tombés est le signe le plus fort de l’amour de Dieu et doit devenir le signe le plus fort de notre amour

Tous ceux et celles auxquels les fautes et les péchés sont remis par le Christ sont, dans le même mouvement, en situation de renaissance. Ils ressurgissent. Ils se redressent. Ils font l’expérience concrète dans leur chair, le cœur et leur esprit, du salut donné par Dieu.

Le récit de la femme adultère - épisode provenant sûrement de l’évangile de Luc dont il a le style et la théologie - est, pour l’évangéliste, l’occasion de montrer combien, par l’attitude du Christ, l’amour qui relève et fait confiance l’emporte sur la condamnation hâtive. La vie est plus forte que toutes les formes de la mort. Dans le cercle de la peur surgit un rayon d'espé¬rance qui détermine pour les disciples une mission primordiale : s'opposer à tout ce qui brise, divise, disperse, détruit, pour être, de la part de Dieu et avec lui, artisans de création, d'unité intérieure, de restructuration et de renouvellement.