Les termes de règne, de puissance, et de gloire peuvent surprendre. Ils ont une coloration de prestige politique. Tout monarque dans l'Antiquité − et tout homme d’état aujourd’hui − veut être puissant et glorieux. Depuis l'empereur Constantin, beaucoup de monarques ont utilisé le christianisme pour légitimer et servir leur puissance et leur gloire. L'unanimité religieuse est censée renforcer l'unité politique et justifier les sacrifices imposés.

En 312, lors de sa victoire décisive sur son concurrent Maxence, à la bataille du Pont Milvius, Constantin, aurait vu, apparaître sur le champ de bataille une croix avec l'inscription : « Par ce signe tu vaincras ». Ses soldats avaient alors inscrit sur leurs boucliers et leurs enseignes les lettres grecques X et P, qui constituent le monogramme du Christ.

Cet épisode se répètera au cours de l’histoire sous de multiples formes, religieuses ou séculières. Les chrétiens eux-mêmes ont été tentés d’entreprendre des guerres à l'appel de « Dieu le veut ». Les nazis reprenaient le « Gott mit uns ». Dans les dictatures, le parti remplace Dieu. Des terroristes agissent pour obéir au prophète.

La finale du Notre Père justifierait-elle l'oppression ou la domination ? Ou y aurait-il une manière de la comprendre qui soit justement la critique radicale de toute oppression et de toute domination ?