En visualisant les symboles inscrits dans les textes qui se référent au récit du Possédé de Gérasa, l’enluminure permet de dégager les consonances bibliques et traditionnelles de la demande : « Délivre-nous du mal ».

Le possédé de Gérasa représente ici l’humanité : elle vit souvent comme enfermée dans un tombeau. Dans certaines situations difficiles, chacun d’entre nous peut lui aussi vivre cette expérience d’enfermement ou d’enchaînement. . C’est alors que retentit la parole du Seigneur : « Je vais ouvrir vos tombeaux ; je vous ferai remonter de vos tombeaux » (Ézéchiel 37, 11-14). Dans l’image, les chaînes qui enserrent ne sont-elles pas la transposition visuelle du tombeau qui enferme ?

Pour l’homme antique la mer est le siège du Mal. Le Christ ne supprime pas le mal. Il lui impose de se catonner dans les limites imposées « pour un temps » par le créateur. « L’ange s’empara du dragon, l’antique serpent, qui est le Diable et Satan et l’enchaîna pour mille ans. Il le précipita dans l’abîme » (Apocalypse 20, 1-3 et 12,12).

La composition de l’image en deux registres superposés évoque la Descente du Christ aux enfers dont parle le Credo. C’est le motif d’une icône fort importante de l’Église orthodoxe pour exprimer que le Christ apporte aux hommes la liberté et le bonheur.

Cet exorcismeA définir renvoie à la mission du Christ : « Le Prince de ce monde va être jeté dehors » (Jean 12,31).

« En ce monde vous faites l’expérience de l’adversité, mais soyez pleins d’assurance, j’ai vaincu le monde ! » (Jean 16, 33)