Donne-nous aujourd’hui notre pain de ce jour

La multiplication des pains

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L’enluminure nous montre trois niveaux d’acteurs :

− IHC XPCIHC XPC : Monogrammes en lettres grecques qui signifient Jésus Christ.
Dans IHC, I et le H sont les premières et C la dernière lettre du nom IHSOUS, pour Jésus. Le H est la lettre grecque éta et se prononce "É", le C correspond au S (d'où le monogramme IHS en latin, interprété comme Jesus Hominum Salvator, Jésus Sauveur des Hommes).
Dans XPC, le X correspond au Ch (comme dans Choeur), le P au R. XPC est donc en grec le monogramme de Christos, le Christ. Les petits traits au-dessus des deux monogrammes indiquent qu'il s'agit d'abréviations., Jésus, au centre, le plus grand, nimbéNimbe : Cercle, disque de lumière que les peintres et les sculpteurs placent, depuis l'Antiquité égyptienne, autour de la tête des personnages sacrés, des héros divinisés, de Dieu ou des Saints.
Nimbe crucifère. Cercle dans lequel s'inscrit une croix et qui est réservé au Christ.,

− APOSTOLI, les deux apôtres, un peu moins grands, qui entourent Jésus

− TURBAE, les foules, représentée par des personnes aux allures d’enfant par leur visage et leur taille, taille qui apparaît d’autant plus petite qu’ils sont assis.

La différence de taille donnée aux différents personnages de l'enluminure fait que l'ensemble des personnes forme une pyramide.

Cette pyramide confère une place centrale au Christ qui fait le lien entre les hommes, et entre les hommes et Dieu. C’est par lui que nous recevons le pain de vie.


L’enluminure est pratiquement vide de tout élément matériel, à l’exception des deux pains qui constituent des axes. On peut remarquer deux types de pain. Le pain : Ici le pain apparaît tout à la fois pain présenté et pain reçu. Le temps est suspendu, il n’y a pas à se préoccuper du lendemain.

Les apôtres reçoivent les pains dans leurs mains drapées…

Les apôtres tiennent le pain dans leurs bras couverts d’une étoffe (cf. Apparition et repas du Ressuscité), ce qui rappelle le geste liturgique lié au respect du « pain eucharistique ».

Jésus est de face, les bras écartés. Il n’a pas ici la posture qu’il a dans la plupart des autres enluminures, dans lesquelles il est représenté de profil, une main levée et deux doigts tendus.
On ne retrouve cette posture que dans quatre enluminures : celle-ci, l’arrestation, la crucifixion, le repas du ressuscité.

Le Christ, de face, donne le pain dans une posture qui rappelle Jésus en croix. Si l'Évangéliaire d'Egbert a repris cette même attitude dans les autres trois enluminures citées ci-dessus, c'est qu'il nous invite à faire le lien entre ce pain partagé, et son arrestation, sa mort et sa résurrection : c’est lui le pain de vie partagée, venu pour tous les Hommes.

Les « enfants » : foule assise, confiante qui attend paisiblement la nourriture et son partage.
Le premier membre de cette foule à droite à une main qui a donné le pain de notre travail, le premier à gauche désigne le pain que nous allons recevoir.

Au centre de ces deux gestes, le Christ est là pour les unir. Il est le pain vivant. Par ce pain, c’est un peuple qui est concerné.

Il n’y a pas dans l’Évangéliaire d’Egbert, comme chez l’évangéliste Jean, le récit de la CèneRepas du soir au cours duquel Jésus lava les pieds de ses apôtres et institua l'Eucharistie durant laquelle Jésus institua l’eucharistie. Cette multiplication des pains la symbolise tout particulièrement. Jésus est le « Pain de vie », pain des hommes, pain de Dieu (cf. Jn 6,51).