Culture et spiritualité dans la construction de l’Europe


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Culture et spiritualité dans la construction de l’Europe

La représentation de Marie dans l’enluminure des Mages est impressionnante. Elle s’inspire des Vierges de majesté. Marie est ici une jeune souveraine, éveillée, élégante. Le trône, dans l’embrasure du bâtiment, souligne son importance: le «droit au trône» était strictement limité. Assise, elle est plus grande que Joseph debout. Avec l’enfant qu’elle tient dans son giron, elle domine la scène, tout en étant, par ses gestes et son attitude, au service de l’Enfant

Dans l’art chrétien, la lecture mariale s’impose. Mais un contemporain d’Egbert ne pouvait pas, en 983, ne pas songer à l’impératrice du moment: Théophano. La création de l’Évangéliaire coïncide avec la mort de son jeune époux, Otton II, décédé lors d’une campagne en Italie, à l’âge de 28 ans. Elle n’avait elle-même que 23 ans, son fils Otton III, 3 ans, - il venait juste d’avoir été élu roi. La mort de son mari fera de Théophano l’impératrice régnante. Elle régnera 9 ans. Elle se distinguera comme une souveraine avisée et intelligente. Elle réussira si bien l’éducation de son fils qu’on appellera celui-ci «la merveille du monde».

Derrière cette jeune souveraine élégante, au service de son fils, que magnifie l’enluminure, c’était non seulement Marie et le Christ, mais aussi Théophano et Otton III que discernaient les contemporains d’Egbert.